la pluie c’est dans la tête

Sortie Bornes Aravis, 2-5 septembre 2022

Vendredi 2 – 6h30

Quelque part dans le 20e arrondissement de Paris, Delphine dort paisiblement…
Devant un quai du hall 2 à Paris Gare de Lyon, 11 grimpeurs semi éveillés se retrouvent et embarquent pour Annecy.

Au programme du trajet pour ceux qui n’arrivent pas à finir leur nuit : trafic de compte GetAround pour pouvoir récupérer la voiture de notre pilote manquante, commande de licences pour être surs de grimper assurés et débat sur la fiabilité des prévisions des différentes météos qui nous annoncent un weekend plus ou moins humide…

Arrivés à destination et après avoir déjeuné sur la terrasse du chalet en observant les ondées, on se dirige vers la Forclaz , secteur de couenne proche qui a le double avantage d’avoir une marche d’approche courte et des voies abritées de la pluie. On arrive avec une averse, on trouve bien des voies abritées sous un beau dévers, mais on s’est réveillés trop tôt pour se lancer dans du 8… heureusement ça sèche vite et les binomes où trinomes se forment pour se lancer dans des voies plus accessibles. On navigue le long de la falaise pour se conseiller des voies, récupérer les moulinettes posées par les plus vaillants, motiver (ou démotiver pour ceux qui préfèrent) les grimpeurs acharnés… tout le monde pourra tester la belle 6a en dièdre repérée dans le topo par Cécile (même Delphine qui a fini par se réveiller et s’est débrouillée pour nous rejoindre !).

Samedi 3

Les prévisions météo font hésiter sur le choix du spot :

Il vaut mieux faire 40 minutes de voiture et 5 minutes de marche d’approche pour aller à Malsaire sur un site de petites couennes ou 5 minutes de voiture et 40 minutes de marche d’approche (et risquer de se prendre la pluie avant d’avoir pu grimper et de devoir marcher mouillé et dépité) pour aller à la Colombière  ?

La bonne météo c’est celle qui m’arrange, je suis partie confiante découvrir les longues voies cannelées de la Colombière où les nuages défilaient vite et ou le peu qui est tombé a séché le temps que ma binôme me rejoigne au relais 🙂

A Malsaire la journée la grimpe était belle aussi entre les averses, et on rentre tous contents et échauffés pour la journée du lendemain, parceque DIMANCHE IL FERA BEAU, ce sera grande voie pour tout le monde (même Julia qui n’avait pas du tout prévu ça et qui partira avec Khalid comme guide, découvrir les joies des enchaînements de  rappels et des coincements de cordes improbables). Pour moi ce sera l’Arête du doigt à la Pointe Percée ; le projet de Linh, la voie pour laquelle elle a organisé et réorganisé cette sortie faute d’avoir pu faire cette voie l’année dernière…

Dimanche 4

Les voitures et les sacs sont prêts depuis la veille, aujourd’hui pas de panne de réveil, avec Delphine, Linh et Constant une grosse journée nous attend. L’arête du doigt c’est 2h30 de marche d’approche, 11 longueurs de grimpe entre l’escalade sportive et la petite course d’alpi pour arriver à un sommet à 2753 m. Après un petit détour offert par Google maps, on trouve une place sur le parking déjà bien rempli du col des Annes (sur une grande voie 3 étoiles vers un petit sommet avec des cotations qui ne dépassent pas le 5c, il ne faut pas s'attendre à être seuls). On suit tranquillement le chemin de rando jusqu’au refuge de Grasmusset, puis on continue dans les lapiaz et pierriers pour atteindre le début de la voie, en utilisant comme balise un grimpeur qui nous a doublé un peu plus tôt au pas de course, péniblement suivi par sa copine moins stressée que lui…

Au pied de la voie, on patiente et on s’allège en déjeunant à 10h pour laisser le temps aux cordées qui nous précèdent de partir tranquille, puis c’est à nous ! On enchaine les 8 premières longueurs en corde tendue, nouveauté pour Delphine et moi. Les cotations ne sont pas élevées mais la grimpe est éprouvante pour le mental, c’est équipé “montagne”, les spits sont rares ; le leader doit chercher son itinéraire, le second rester concentré pour ne pas balancer de caillloux sur les copains ou glisser et infliger un méchant retour en arrière à son binome… mais c’est beau, quand on ne regarde pas nos mains on cherche le Mont-blanc qui joue à cache derrière les nuages à l’horizon. Après le vertigineux passage du rasoir on retrouve des sensations de grimpe plus familières et le confort de l’équipement sportif dans les dernières longueurs “dures”.

Après la dernière longueur c’est pas fini, il faut encore repasser en corde tendue pour atteindre la croix sommitale, où l’on attend Linh et Constant en angoissant un peu face au soleil qui baisse et à la complexité de la description de l’itinéraire de descente… qui sera finalement beaucoup plus simple que ce qu'on craignait grâce à un balisage de gros points rouges refait récemment 🙂

On passe le refuge avec le coucher du Soleil, on termine à la frontale en rêvant d’apéro et on retrouve la voiture sur un parking presque vide 13h après l’avoir quittée.

Il semblerait qu’on ne soit pas les seuls à avoir eu une grosse journée, arrivé au gite on trouve des grimpeurs prêts à se coucher et deux cuisiniers dévoués. Cécile prépare ses légendaires pancakes pour le petit déj du lendemain et Michele, en italien qui se respecte, nous a attendu pour nous servir des trofie genovesi sortie de la casseroles et pas réchauffées au micro-onde.

Lundi 5

La dernière journée est ensoleillé et les grimpeurs plus ou moins motivés, Cécile et Khalid vont s’attaquer à une dernière voie sérieuse, Tchao Godillo à la pointe Dzérat et le reste du groupe part tranquillement pour la Colombière faire de la couenne et des « petites grandes voies », même si certains pensent déjà  baignade et glace au lac d’Annecy… Avec Linh on repart pour un itinéraire facile en corde tendue, sauf que l’ambiance n’est pas la même que la veille, Fanfoué des Pnottas c’est une belle voie d’initiation (et un personnage de BD pré #metoo 😐 ), une mer de cannelures suréquipée qu’on parcourt joyeusement en grosses (pratique quand on a plus envie de remettre ses chaussons), sans stress de coincer la corde dans les rappels parce qu’aujourd’hui c’est nous les premières. A notre descente les gourmands sont déjà partis, on traine pour faire une dernière couenne et apprécier encore un peu le paysage…

On rentre tous à Paris fatigués mais contents d’avoir pu prolonger notre été avec cette sortie magistralement organisée par Cécile et Linh.

Récit : Nina
Grimpeurs : Cécile, Hoai-Linh, Audrey, Matthieu, Michele, Isabella, Constant, Julia, Delphine, Claire, Khalid, Nina