PEN Hir, une sortie interclub sous le signe de l ocean

Sortie Pen-Hir, 23-26 juin 2022

Du 23 au 26 juin 2022, 12 grimpeurs Fsgt des clubs flm etc. sont partis en Bretagne, au bout de la presqu'ile de crozon. Voici le récit de leurs aventures

7h15, le 23 Juin 2022
Rendez-vous à la gare Montparnasse, quai numéro 6. Tout le monde est à l’heure, et nous montons à bord du train chargés de nos sacs plus ou moins encombrants. Une passagère curieuse nous interpelle :
– Qu’allez-vous faire avec vos cordes et vos casques ? De la spéléo ?
– Presque ! Nous partons pour quatre jours, pratiquer l’escalade.
– En Bretagne ? Je ne savais pas que c’était possible !
Si, comme notre interlocutrice, vous avez des doutes sur notre destination, ce récit pourra contribuer à vous rassurer : les falaises de Pen Hir valent le détour.

Jour 1
Le wagon se met en branle et nous démarrons doucement, bercés par le bruit de nos conversations émergentes, bientôt interrompues par Gwenaëlle, notre cheffe de bord :
« Ce train desservira les gares de Rennes, Saint-Brieuc, Guingamp, Morlaix, et Brest. »
Les sonorités des villes bretonnes nous donnent un avant-goût de crêpes et de beurre aux embruns salés. A l’extrême Ouest, à la pointe de la presqu’île de Crozon, les falaises nous attendent.
L’odeur de l’océan, cependant, se ravira encore un peu à nos narines : notre aimable hôte nous informe assez rapidement que le trajet sera plus long que prévu. Qu’à cela ne tienne, nous en profitons pour faire plus ample connaissance. Les échanges s’animent timidement entre les douze grimpeurs des clubs FSGT Roc 14, Cimes 19, lève-toi et grimpe, et – last but not least – Faîtes-le mur. Un séjour qui s’annonce sous le signe de l’interclub.
Le train enfin arrivé à destination, nous nous répartissons dans les voitures : Julien, Nina, Alice et Andres dans la première ; Cécile, Aymeric, Gérard et Léa dans la seconde, Julia, Yonatan, Sylvain dans la troisième. Le trajet de Brest à Morgat est pluvieux, mais majestueux.
Nous évoluons au travers d’une végétation luxuriante, dont l’abondance est encouragée par les litres d’eau échappés du ciel. La presqu’île de Crozon nous offre ses premiers paysages : verdure, criques et voiliers laissent rapidement la place aux plages et aux falaises. Au loin, une grande arche donne à certains des envies de psicobloc.
Chacune son tour, les trois voitures arrivent au gîte. Les covoitureurs s’installent et choisissent leur nid pour les jours à venir.
Mais les falaises attendent toujours, et commencent à s’impatienter de ne pas voir arriver leurs oiseaux grimpeurs. Tout le monde s’envole à la rencontre du bout de l’île et de la croix de PenHir.

L’atterrissage se fait en douceur, aux pieds d’un des rares secteurs qui ne nécessite pas de rappel, mais nous permet tout de même, comme partout ici, d’admirer la vue sur l’océan, lequel nous offre, en contrebas, un superbe spectacle. C’est donc dans le bruit des vagues et l’odeur salée du vent que nous effectuons nos premières ascensions. Les plus posés d’entre nous se familiarisent avec le rocher dans des couennes allant du 4 au 5. Une magnifique 5c nous fait jouir de jolies sensations, alternant la grimpe entre deux flancs de falaise. Nous passons d’une paroi à l’autre, tels des lézards au-dessus du vide.
Sous un soleil clément, nous nous familiarisons avec les lieux. A marée basse, nous pouvons descendre encore sur les rochers et contourner la falaise pour trouver, face ouest, la « grotte ». Là, les plus hardis d’entre nous ont choisi de se frotter à des voies en 6b et 6c. Leurs exploits suscitent même la visite d’un phoque, venu les admirer – à moins que ce ne soit le soleil qui l’ait incité à se reposer, bienheureux, sur son rocher. L’animal semble d’ailleurs avoir inspiré les deux plus téméraires du groupe, qui n’ont pas hésité à se jeter à l’eau, achevant pour nous d’apprivoiser notre environnement pour les trois jours à venir.

Le soleil, les vagues, le paysage, nous ont pris entre leurs grisantes griffes, et il devient difficile de terminer la journée. La lumière, pourtant, décroit, aussi sûrement que les gosiers s’assèchent et les ventres s’affament. L’appel de la bière et des crêpes se fait entendre, de plus en plus pressant, et nous incite raisonnablement à rejoindre le « Bout du Monde ».
Nous ne serons pas déçus du voyage puisque, à seulement quelques centaines de mètres de notre spot d’escalade, et en surplomb d’une plage sauvage, le bout du monde offre de savoureuses bières locales, des crêpes artisanales goûteuses, et – pour les plus intrépides – un shot mystérieusement nommé « blowjob ».

A l’approche de la nuit, des dauphins au large font leur apparition, et c’est sous leurs hospices que nous quittons Pen-Hir, jusqu’au lendemain.

Jour 2
Le lever est progressif : hormis les incurables lève-tôt – qui se reconnaîtront – les grimpeurs récupèrent de leur réveil matinal de la veille. Les plus gourmands de sommeil – qui se reconnaitront aussi – flirtent avec la barre des 10 heures du matin. L’expérience étant bonne conseillère, elle nous chuchote qu’il faudrait songer à se diriger vers la falaise. Judicieusement, les mieux organisés ont pris les devants, et sont allé faire les courses afin que nous puissions profiter du reste de la journée.

10H30 : départ à la falaise. C’est sous un ciel menaçant et un vent grondant que nous effectuons nos premiers rappels. Le temps de descendre aux pieds des voies, les premières gouttes nous assaillent… Comme des araignées sur leur fil, nous nous agitons au bout de nos cordes, afin de remonter rapidement en haut des voies, les mains et les pieds mouillés glissant sur la paroi humide.

Nous expérimentons la contrepartie de ce splendide paysage : un temps capricieux auquel nous devons nous adapter. Nous nous plions aux contraintes extérieures, et adoptons un rythme calé sur les éléments. Si les conditions météorologiques le permettent, alors nous pourrons grimper…

En attendant, de retour au gîte, nous prenons un copieux déjeuner, et la douce chaleur intérieure nous ferait presque oublier que le ciel progressivement se découvre. Happés dans une partie d’échecs, ou emmitouflés dans la chaleur d’une tasse de thé, nous nous abandonnons dans de confortables conversations.

Heureusement, l’appel de la grimpe nous sort de notre torpeur, et vers 15h30, nous sommes de retour sur le rocher. Plusieurs équipes se forment. Un groupe part à la Grande falaise, d’autres ont choisi de descendre au Menhir : une personne expérimentée, et trois débutantes… L’initiation sera patiente et dévouée. Le cadre cependant est époustouflant : le rocher d’une vingtaine de mètres est suspendu au-dessus de l’océan. De quoi impressionner, et ravir les amateurs de vide.

Le temps file à toute allure, et c’est dans la lumière du soir que nous achevons notre remontée, sous un ciel dégagé et un superbe coucher de soleil. Dans les conversations racontant notre après-midi, se murmure le nom d’une grande voie facile, Funambule, glissé sur un ton empli de plénitude. Nul doute que d’autres grimpeurs s’y aventureront demain.

Jour 3

Reposés de nos émotions de la veille, nous nous levons du bon pied, sous un soleil qui s’annonce radieux. Plusieurs groupes de grande voie se forment : binômes et trinômes pour accompagner les plus débutants. Quatre d’entre nous se lance dans Funambule, se pressant pour arriver avant la marée montante.
Debout sur les rochers battus par les vagues, le début de la grande voie se fait les pieds sur une paroi glissante. Dans le fracas du ressac, et sous la menace de vagues aléatoires envahissant la plateforme, nous entamons la voie en hâte. Nous n’y échapperons pourtant pas : se heurtant aux rochers et jaillissant au-dessus de nos têtes, une vague retombe sur les seconds de cordée, dans une pluie fracassante. C’est le moment de quitter la plateforme pour de bon, et d’achever la première longueur. Après avoir enchaîné la deuxième longueur en traversée sous une mini averse comme seule la Bretagne sait les faire, nous avons le droit à une éclaircie bienvenue, suspendus dans le vide. Au relai, dominant les vagues, un magnifique panorama s’offre à nous.

Nous poursuivons sur une dernière longueur vertigineuse, avant la sortie tout en équilibre sur une bande rocheuse. En deuxième partie de journée, la majorité d’entre nous aura goûté aux plaisirs de ce parcours.

Après une première grande voie pour l’ensemble du groupe, une partie d’entre nous décide de suivre Andres pour une initiation trad (terrain d’aventure). Les grimpeurs vont pouvoir découvrir en pratique l’utilité de tout ce matériel (coinceurs, friends, sangles…) qu’il trimballe avec lui depuis le début du séjour !

Pour notre plus grande joie, les journées s’éternisent en ce début d’Eté. Après le déjeuner tardif, il nous reste encore tout l’après-midi pour repartir dans une grande voie, s’initier à leader, tenter de nouveaux projets au Menhir ou à la dalle des pêcheurs… De nouveau, seule la nuit nous arrête, et tandis que le jour tombe, les grimpeurs se rejoignent pour une dernière bière au bout du monde.

C’est le début d’une soirée conviviale, où se mêlent conversations animées, rires et odeurs de barbecue. A l’issue de l’apéro, poisson et légumes grillés enchanteront nos papilles. Sylvain s’est même changé en pâtissier le temps d’une soirée, et nous a préparé une délicieuse tarte tatin qui fait l’unanimité.

Mais la soirée ne saurait s’achever sans la traditionnelle lecture des licences FSGT par les nouvelles et les nouveaux : en l’occurrence par nos camarades des autres clubs, qui découvrent, curieux et amusés, les valeurs de « camaraderie, discipline, honneur ». Certains y adosseront également, comme conjointe à la communauté des grimpeurs, celles d’amour de la nature, de simplicité et de solidarité. Nous laissons le lecteur se faire son idée.

Jour 4

Le lendemain, nous profitons de notre dernière matinée, toujours sous le ciel bleu. Un binôme aventurier part en grande voie, pour une belle revanche à prendre sur Diabolo. Victoire. Le reste du groupe se départage entre deux sites de couennes : Menhir (avec rappel) et dalle du pêcheur. Ce dernier site, jonché sur la corniche, nous ravit de son atmosphère paisible et de ses quelques voies en 5b > 6c.

Après un dernier pique-nique et une dernière crêpe devant le paysage océanique dont nous ne nous lassons pas, il est l’heure de dire au revoir à ce somptueux panorama et aux rochers qui l’habitent. Nous effectuons en sens inverse, le trajet en voiture vers Brest. Un brin nostalgiques, mais emplis de souvenirs, nous montons à bord du train pour Paris.

Récit : Léa
Grimpeurs : Nina, Cécile, Alice, Sylvain, Léa, Julia, Yonathan, Emeric, Andres, Julien, Gérard